J'avais commencé ma matinée par la lecture des textes de la messe du jour puisque lors du Carême, nous avons la chance d'avoir une messe par jour. Et j'ai donc lu dans l'Evangile selon st Jean de ce vendredi:
7 Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit : ''Donne-moi à boire.'' ... 9 Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : ''Comment ? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine !'' Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains. 10 Jésus lui répondit : ''Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive.'' 14 ( et) celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; au contraire, l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle.'
Voilà de bien longues semaines que je retardai l'occaion de me confesser , moi qu'on avait connu naguère plus assidu au "tribunal de la pénitence" et puis aujourd'hui voici que se déroulait une grande journée de réconciliation en l'église Saint Pierre du Queyroix.
La grande abondance de prêtres annoncée surtout en cette période de pénurie devait me permettre de trouver sans problême à qui faire l'aveu de mes fautes répétitives. Pour un peu, on se serait cru avant le Concile Vatican II car des prêtres il y en avait partout dans l'église quasiment même, j'exagére à peine , dans les placards à balais . Celà n'aurait d'ailleurs été qu'un juste retour des choses aprés cette période post conciliaire qui vit précisément un grand nombre de confessionnaux transformés en placard à aspirateurs et autres matériel d'entretien. J'avais une telle hâte de sentir en moi jaillir cette source d'eau vive que je me suis précipité au pied du premier prêtre que me fit rencontrer la Providence.
Au travers des vitraux filtrait une lumière dont j'avais perdu l'idée de l'éclat et une douce chaleur irradiait toute mon âme. Quelle folie de distendre à ce point les liens qui me réunissent à mon créateur et quel gaspillage de se priver de tant de communions... j'hésitai à quitter cette église ou tout autour de moi, un si grand nombre de personnes revenaient -enfin- dire à leur Père qu'ils l'aimaient et qu'ils avaient honte et peine de qu'ils Lui avaient fait . Mon action de grâces fut donc itinérante dans cette église où avait l'habitude de prier ma tante, Yvonne morte en 1929 d'une ménigite à 19 ans et où mon épouse et moi nous mariâmes un beau jour d'automne.
Dans le trolley qui me ramenait à la maison, beaucoup de croyants mais d''un autre horizon . Nous étions vendredi et la ligne desservait une des mosquées de la ville . C'était assurément le moment de me rappeler cette phrase extraite du testament de Louis XVI:
je plains de tout mon cœur nos freres qui peuvent estre dans l'erreur, mais je ne pretends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chretienne nous l’enseigne.
Et maintenant , il ne tenait qu'à moi que jamais ne revienne le temps des larmes et de la peine. Puissé-je ne jamais oublier de quel prix mon Sauveur avait acquis le pardon reçu ce jour et que jamais je n'oublie l'eau de la claire fontaine dans laquelle il m'avait été donné de me baigner ce matin.
Alain TEXIER