Mon Dieu que l’on est bien au pied de votre mère qui aima tellement cet endroit qu’elle y vint faire un tour lors de la nuit du 19 juillet 1830 et que l’on peut y voir encore le fauteuil dans lequel la radieuse Marie s’assit pour parler plus à son aise avec Catherine Labouré, novice des Filles de la Charité, agenouillée à ses pieds.
Que l’on est bien peut-être plus spécialement sur le « banc des confessions » placé contre le mur au fond du sanctuaire. Là, frères et sœurs unis dans la même espérance de pardon du Père, nous avançons graduellement , véritable antichambre du ciel au fur et à mesure que nous précédent les pénitents appelés vers l’une ou l’autre porte de verre genre cathédrale, c’est bien le moins, quoique moins opaque, des deux réservoirs de grâce qu’il est aussi possible de nommer des confessionnaux.
A "P" (P… pour pénitents) moins quatre, il me fut possible de discerner la silhouette d’une jeune femme brune sans doute d’ailleurs plus blottie qu’agenouillée sur le prie-Dieu surmonté par une grande croix de bois clair vernie. La tête penchée vers le père et sa tête encadrée par des cheveux taillés en carré plutôt long, elle paraissait comme une enfant ayant enfin trouvé à qui dire tout ce qu’elle avait sur l’âme et sur le cœur. J’avoue qu’il m’est arrivé de l’envier en ce moment , elle à qui le Seigneur venait de donner la double grâce de se reconnaître, et fautive et pour cela même, digne d’être aimée. Mon Dieu, qu’elle est belle notre religion et qu’il est digne d’être connu et pratiqué ce sacrement qui, de l’état de sépulcre blanchi, nous fait passer à l’état de colombe s’envolant vers le ciel enfin ré-ouvert pour nous.
A l’autel se déroulait une des messes journalières dont cette chapelle est riche et le sermon portait sur le pardon… Etions nous bien sûr d’avoir complètement pardonné ? Il y a toujours un moment où Dieu nous fait la grâce d’entrouvrir notre cœur pour y jeter un de ces rayons analogue sans doute à celui qui, notre vie finissant, nous permettra de faire en un éclair le bilan de ce que nous avons fait et aussi de ce que nous n’aurions pas dû faire.
Hé bien ce rayon venait d’éclairer mon âme , moi qui avait –entre temps- remplacé la pieuse et touchante pénitente sur le prie-Dieu des aveux. Et, par une alchimie mystérieuse, cette chaude lumière faisait couler sur mes joues des larmes tièdes elles aussi. Des larmes qui auraient peut –être dû couler ailleurs et un peu plus tôt ? Vous devez pardonner pour pouvoir à votre tour être pardonné.
Ma pénitence accomplie, Je pouvais maintenant joindre mon action de grâces à celles des fidèles qui, la célébration de la messe finie, s’agglutinaient à la Sainte Table au pied de l’endroit où Marie apparût lors de la nuit du 19 juillet 1830 comme autant de chatons venant sucer goulûment le lait salvateur.
La Pénitente que le Seigneur, qui me connaît si bien, avait installé quelques places devant moi dans la file d’attente , car il savait de quel secours elle me serait pour m’aider à préparer ma confession, s’était fondue dans la masse des fidèles et peut-être même était –elle arrivée assez tôt pour pouvoir communier. Ma communion , à moi , ne serait que spirituelle en cette fin d’après-midi, mais le Seigneur qui venait de changer mon cœur de pierre en cœur de chair saurait bien me faire attendre encore un peu, sans péril majeur pour mon âme, mon prochain banquet liturgique.
Alain TEXIER
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