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  • : Le royalisme providentialisme a beau tenir une place importante dans ma vie, il ne m'empêche pas de m'interesser à l'histoire connue - et celle plus cachée- de mon pays. L'humour a aussi sa place dans les pages mise en ligne.
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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 08:25

Monarchisme et royalisme

 

   Les mots ne sont pas neutres ; de même il n’existe pas de synonyme absolu.

S’ils expriment une pensée, un contexte, les mots ont en outre le pouvoir de formater les consciences. L’usage que l’on en fait ne saurait être neutre ; c’est bien précisément ce qu’ont compris les idéologues qui s’en sont fait une spécialité au service de la subversion.

Il convient donc de revenir à l’étymologie.

 

La monarchie c’est le gouvernement d’un seul.  En ce sens le dictateur est un monarque, seul détenteur de la souveraineté, qui confond en sa personne puissance et gouvernement.

Ainsi défini, le monarque peut tenir son pouvoir

-    soit d’une disposition constitutionnelle comme à Rome ("dictature" limitée à 6 mois en cas d’urgence) ou article 16 de la constitution française de 1958

-  soit d’une délégation exceptionnelle (pleins pouvoirs au Maréchal Pétain donnés par  l'Assemblée Nationale ( Chambre des députés+ Sénat) de la III e République , le 10 juillet  1940)

  Mais plus généralement cette forme de pouvoir prend sa source dans un coup d’État (les Bonaparte) ou par le forcement des institutions (dictature à vie pour César), dont la forme la plus douce est la marginalisation des corps intermédiaires.

La monarchie est donc fondamentalement incompatible avec une représentation populaire ; parler de monarchie en Grande Bretagne ou en Espagne est un non-sens ; les Grecs avaient une bien meilleure formule quand ils qualifiaient leur régime de démocratie couronnée.

    Souvent justifiée par une situation de crise lors de son instauration, une monarchie, au sens auquel nous l’entendons ici, ne peut perdurer que par le durcissement du pouvoir personnel, avec pour corollaire la disparition  de la légitimité du souverain.

 

La royauté est de nature différente, même s’il est arrivé qu’elle dégénérât en tyrannie. Ce principe de gouvernement est d’essence religieuse ainsi qu’il apparaît dans la bible.

     Un roi reçoit délégation de gouvernement temporel, son rôle est avant tout de justice, et Saint Louis, que nous célébrons aujourd’hui, en est la meilleure illustration. S’il veut être arbitre, un roi, à l’image de Salomon, doit s’attacher à la sagesse, vertu cardinale des gouvernants. Ainsi conçu, le roi incarne la légitimité de l’autorité, et il peut déléguer l’exercice du pouvoir à des ministres.       Par ailleurs, les corps intermédiaires sont, pour les régnicoles ,ou sujets du roi , une protection contre les abus de pouvoir ; le gouvernement royal n’est pas incompatible avec une représentation populaire, laquelle est même souhaitable   selon le principe ancien de gouvernement : le roi en ses Conseils, le peuple en ses États, tout étant affaire de répartition des compétences. Ainsi, par-delà les aléas inévitables, le peuple maintiendra sa confiance au Roi tant qu’il reconnaîtra en lui le garant de la justice, donc de ses libertés ; car c’est du sentiment d’injustice que naissent les troubles.

 

     Reste à comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à confondre deux notions contradictoires dans leur essence. Notre histoire me semble apporter un élément de réponse.

 

Dès leur avènement, les Capétiens eurent le souci de conforter le pouvoir royal face aux féodaux. La meilleure illustration en est la marginalisation jusqu’à extinction des justices seigneuriales par la multiplication des cas royaux ; car, contrairement à la vulgate républicaine, l’ancienne France fut toujours un État de Droit, et c’est le Droit qui permit non seulement l’extension de l’autorité royale, mais aussi l’agrandissement du Domaine.

    Concurremment, le système féodal était mis à mal, tant par la disparition des grandes baronnies intégrées au Domaine par un jeu subtil de mariages que par la promotion du mouvement communal. Participe aussi à cette action l’appel à la petite noblesse et à la bourgeoisie pour le gouvernement de l’État.

Lorsqu’ils sont réunis, les États Généraux sont plutôt favorables à la politique royale. Mais, convoqués en période de crise, ils ont une propension à outrepasser leur rôle face à un prince fragilisé, aussi ne seront-ils plus convoqués de 1614 à 1789 ; pendant 175 ans le pouvoir fut donc coupé de la population.

   La France sort d’une longue période de crises lorsque Louis XIV accède au pouvoir personnel. L’instauration d’une dictature royale est alors nécessaire et le roi s’y emploiera sans tarder ainsi que l’illustre son intervention dans l’affaire Fouquet. Avec ce grand roi, on passe du pouvoir royal à la monarchie, tant dans le domaine politique que dans le domaine économique ; ses successeurs s’y enfermeront. La dictature impériale en sera une sorte de copié/collé, la légitimité en moins.


     Rêvons un instant : vers 1680, au faîte de sa puissance, Louis XIV, qui aura le génie d’instituer l’Ordre de Saint-Louis et de faire évoluer le Saint-Michel, convoque les États Généraux, les rénove selon le même principe et les institutionnalise ; le Maréchal de Vauban n’est plus le seul à dénoncer les faiblesses et misères réelles de la société française, et alors on retourne à la royauté et l’avenir … mais ce n’est qu’un rêve.

    On peut donc imputer à Louis XIV la responsabilité fondamentale de la confusion royauté/monarchie et du divorce subséquent entre le peuple et le roi. Viendra comme une sorte de conséquence le règne des idéologies, fruit amer de la subversion des « Lumières », qui pervertiront le gouvernement des peuples et, plus tragiquement peut-être, la conduite des guerres. Mais c’est un autre sujet.

   Quant à nous, soyons royalistes plutôt que monarchistes.


                                                                                                  Ph. B.

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