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  • : Le royalisme providentialisme a beau tenir une place importante dans ma vie, il ne m'empêche pas de m'interesser à l'histoire connue - et celle plus cachée- de mon pays. L'humour a aussi sa place dans les pages mise en ligne.
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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 14:28

    La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents duquatuor de Joseph Haydn. 

 

                             280px-Berlin-Schloss Bellevue-Frontalansicht

Origine de l'image

http://fr.wikipedia.org/wiki/Château_de_Bellevue_(Berlin)


 Nicolas :

Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse

Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.

Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure

Entendez les Romains : ils appellent au secours !

Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.

Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux

Attendent de vous, madame, le geste généreux !

De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :

Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête

Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez.

Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...


Angela :

Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise

Folle étais-je de croire à une douce surprise

En vous suivant ici seule et sans équipage

Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !

Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant

De n'être courtisée que pour son seul argent !


Nicolas :

Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand 

Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent

D'entrer en badinage quand notre maison brûle !

Le monde nous regarde, craignons le ridicule !

Notre Europe est malade, et vous seule pouvez

La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !

Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme

Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !

Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !

Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer

Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !


Angela :

J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière

L'ouvrier mécontent, le patron en colère.

Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.

L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.

Et vous me demandez, avec fougue et passion

De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?

Ce serait trop facile et ma réponse est non !


Nicolas :

On ne se grandit pas en affamant la Grèce

En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !

Nos anciens nous regardent, et nous font le grief

D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !

Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.

Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles

Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !


Angela :

Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle

Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...

Mais si je disais oui à toutes vos demandes

Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !

(Ils s'éloignent, chacun de leur côté)

 

Auteur: Luc Rosenzweig

   Luc Rosenzweig est ancien journaliste à Libération (1980-1985) puis au « Monde » (1985-2001). Luc Rosenzweig est spécialiste de politique internationale, et a notamment été correspondant du « Monde » en Allemagne au moment de la chute du mur de Berlin, et à l’OTAN pendant les guerres de Yougoslavie.

http://mondesfrancophones.com/category/chroniques/la-chronique-de-luc-rosenzweig/

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