J’en reviens de la grande église du centre de la ville. Elle était pleine comme aux jours de fête et nombreux étaient ceux que le défunt, talentueux chirurgien avait opérés - et sauvés du cancer, cancer qui venait de l’emporter.
J’étais bien à l’heure pour la messe car la famille avait demandé une messe et non pas une simple bénédiction comme on le voit hélas de nos jours très souvent. J’étais donc bien à l’heure, mais 4 à 500 personnes m’avaient précédé.
Heureusement Dieu veillait qui avait confié à mon ange gardien le soin de me trouver une place assise, denrée rare, en cette église où la reconnaissance et l’ampleur des activités assumées par le défunt avaient conduit tant de gens.
La place m’attendait, avec un agenouilloir délicatesse supplémentaire, le tout en droite vision du Curé de la paroisse qui n’en demandait probablement pas tant.
Les prières étaient ferventes et les chants soutenus Les prêtres, car ce n’était pas aujourd’hui un enterrement abandonné à des laïcs,étaient en surplis mauve. Il n’y avait que la mort finalement à être en noir.
J’ai profité abondamment de l’agenouilloir que la divine Providence avait bien voulu mettre à ma disposition. La tête dans mes mains, le coeur et l’âme gonflés par les paroles de réconfort habilement dites par le célébrant, j’étais, certes un peu isolé, un assistant tradi aux milieu d’obsèques qui pour être très chrétiennement célébrées n’en étaient pas moins non tradis.
Après tout, est que cela avait beaucoup d’importance ? Si la famille qui avait accompagné son mari, père et grand père par des « je vous salue Marie » jusqu’à la fin y avait trouvé son réconfort, que lui souhaiter de plus ?
A titre personnel et, s’agissant de mes propres obsèques à venir, je préférerais pourtant:
- Que les ornements du prêtre célébrant la messe en rite dit extraordinaire soient noirs car la mort n’est ni rose, ni mauve.
- Qu’on n’allume pas une bougie auprès de mon cercueil, il doit faire assez chaud comme cela au purgatoire.
-Qu’on évite les alléluias, il n’y aura pas de quoi.
- Qu’on ne fasse pas comme si j’étais déjà au Ciel et qu’on prie pour moi … Qu’on prie pour moi !
-Qu’on n’oublie pas que lors des obsèques, l' "Agnus Dei qui tollis pecata mundi, miserere nobis » est avantageusement remplacé par « Agnus Dei, qui tollis pecata mundi, dona eis requiem ( 2 fois) auxquels on ajoute à la 3 éme " sempiternam".
- Que durant la procession des assistants venus tracer un signe de croix sur mon cercueil, on fasse comme durant les dernières obsèques tradis auxquelles j’ai assisté et qu’on enchaîne des « je vous salue Marie » . Cet après midi j’ai dû attendre plus de 40 minutes , l’assistance étant telle, vous imaginez de combien de « je vous salue Marie » le défunt a été ainsi privé.
Voilà ce que je voulais écrire ce soir, à toutes fins utiles.