′ "Les Girondins ...avaient cru que les départements se léveraient pour les venger et délivter la convention nationale aprés le coup de force du 2 juin 1793, mais ce n'avait été qu'une illusion: l'émotion s'était rapidement calmée, on les avait vite oubliés.
Et depuis prés de trois mois, en compagnie de collègues et d'amis ausi compromis qu'eux, ils eraient à travers la Normandie et la Bretagne , d'abord sous des déguisements d'enrolés volontaire.. bien tôt dépistés et poursuivis , sans guide, sans chaussures, les pieds en sanf, cachés pendant le jour dans des granges isolées, dans les bois, le smarais, se traînant la nuit, évitant les villages, se croyant trahis par leurs meilleurs amis , et rouvant à chaque pas des dévouements sublimes.
Ils étaient allés ainsi vers la mer, espérant s'embarquer, gagner ′ la terre de Gironde′ , avec la certitude d'y trouver des coeurs chauds,et des patriotes purs.
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De riches armateurs brestois , les frères Pouliquen avaient organisé leur fuite , ayant acheté , aux enchères publiques, pour la somme de 26 000 livres ,au début de juillet 1793, un navire anglais nommé l'Industrie qu'un corsaire malouin venait de capturer.
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Son commandant Jean-Jacques Granger s'est toujours défendu avec vigueur d'avoir connu la véritable identité des passagers qui naviguèrent à son bord. Pouliquen, les amena à son bord en disant que c'était des négociants.... qu'il ne les connaissait pas , sans quoi ils les auraient dénoncés.
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Le convoi devait prendre la mer le 20 septembre à minuit, au signal d'un coup de canon.( un contre -temps obliga pourtant les Girondins en fuite) " exténués de fatigue , transis de froid, gisant au fond d'une barque qui devaient les conduire à bord du navire à attendre de longues heures .... ( la peur des corsaires britanniques croisant au large des côtes françaises obligea le bâteau, par deux fois à rebrousser chemin vers Brest . Il finit enfin par prendre le large et par rattraper le convoi navalauquel il aurait du s'agréger pour des raisons de sécurité. Enfin , à l'issue d'une navigation riyhmée par les craintes d'inspection des navires del a république,les côtes de Guyenne apparurent " et le navire vint s'amarrer dans la rade de Pauilac. C'est là que les girondins quittérent le Brick à bord d'un canot tellement chargé que son bord émergeait à peine de deux pouces et que , trés souvent, la vague y entrait . Arrivés enfin sur la terre ferme ′ il ne tint à rien que nous baissasions cette terre désirée′.
Ils ne se doutaient , certes pas à cemoment , les malheureux, que , pour la plupart d'entre eux, selon le mot de Lamartine, cette terre de liberté allait bientôt devenir leur tombeau!".
R. Brouillard . Nouvelles recherches sur les Girondins proscrits ..(1793-1794) Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde
Tome V. 1912. P. 308 à 327
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