Le tribunal révolutionnaire va avoir fort à faire avec cette sensibilité si répandue dans le peuple parisien.
Dans l’exemple suivant, il se trouve confronté à l’émotion des dénonciateurs qui se rétractent après une scène de larmes des plus intenses et ne cessent dés lors d’errer dans leurs déclarations;
Ce revirement remonte à quelques heures : avant d’aller déposer au tribunal, les quatre hommes sont convaincus par l’épouse de l’un d’eux qu’ils conduisent ceux qu’ils accusent à une mort certaine.
Ils s’apitoyèrent tellement sur leur sort et furent même si effrayés que les uns et les autres se mirent à verser des larmes, ce qui occasionna la scène la plus bruyante, et regrettèrent d’être obligé de devenir l’instrument de la mort involontaire de leurs voisins.
Après ces pleurs sonores et douloureux provoqués par la pitié, les délateurs se refusèrent à accuser ce couple qu’ils ont côtoyé quotidiennement. Le tribunal révolutionnaire a bien du mal à y voir clair et les dénonciateurs se retrouvent dès lors dans le banc des accusés.
NDLRB. Une histoire de fous, en quelque sorte.
Origine.
Anne-Vincent Buffault.
Histoire des larmes .
Petite bibliothêque Payot 2001 p. 139.