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  • : Le royalisme providentialisme a beau tenir une place importante dans ma vie, il ne m'empêche pas de m'interesser à l'histoire connue - et celle plus cachée- de mon pays. L'humour a aussi sa place dans les pages mise en ligne.
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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 10:32

   ll y a cinquante ans, jour pour jour, Albert Camus se tuait dans un accident de voiture. Ce fils des rivages d’Afrique du Nord, malheureusement fort éloigné du christianisme, n’en avait pas moins saisi le sens profond de l’assassinat de Louis XVI, beaucoup mieux que la grande majorité des hommes politiques et même que ces hommes d’Eglise qui rêvent plus que jamais de “baptiser” la Révolution :

 

    « Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.

 

    Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ. La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : « Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie ». Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau ».

 

Source : Albert Camus, L’homme révolté, La Pléïade, p. 528-529.

 

par Vianney (2010-01-04 08:45:08)

Origine.
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=525276

Repris par :

http://leblogdeliemarie.wordpress.com/2010/01/04/bel-hommage-dalbert-camus-a-louis-xvi/#comments
qui nous l'a fait parvenir.
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commentaires

A
<br /> Commentaire publié initialement sur Vexilla regis.<br /> <br /> Belle réflexion que celle de Camus. Je ne suis pourtant pas d'accord avec sa définition "un homme faible et bon" : bon, sans aucun doute, mais faible ? je crois surtout que Louis XVI a été paralysé<br /> par un certain nombre de choses :<br /> <br /> - pour commencer, l'éducation qu'il a reçue et qui était plus celle d'un "honnête homme", un particulier, un sujet, que celle d'un futur roi. La morale du sujet n'est pas celle du roi et cela, on<br /> ne le lui avait pas appris, il ne connaissait que la morale du sujet;<br /> <br /> - ensuite l'erreur que l'inexpérience lui a fait commettre en rétablissant les Parlements;<br /> <br /> - la vigueur des calomnies qui ont parcouru l'opinion publique, surtout dans les villes et qu'il a méprisées, ne se rendant pas compte de leur effet et ne voulant pas sévir, mais pardonner (morale<br /> du sujet) ; d'autant que sévir était difficile. Il s'agit déjà d'une forme de "guerilla urbaine" contre laquelle les forces conventionnelles (dans ce cas, la police et la justice) sont inefficaces<br /> ; il aurait fallu oser ériger un contre-feu, calomnier à leur tour Provence, Artois et Orléans qui étaient à la source de beaucoup de ces calomnies, sévir contre Orléans : mais la "morale des<br /> sujets" ne le permettait pas.<br /> <br /> - l'influence délétère des "Lumières" contre lesquelles il était aussi difficile de se défendre au XVIIIème siècle qu'aujourd'hui contre le "politiquement correct".<br /> <br /> Louis XVI n'a jamais fait preuve de "faiblesse" : il s'en est tenu avec constance à la résolution qu'il avait prise au début de son règne de ne jamais faire couler le sang de ses sujets et cette<br /> résolution, devant des sujets qui eux ne reculaient pas devant l'idée de verser le sien, ne pouvait avoir que des conséquences fatales. Mais le roi ne se rendait pas compte de la virulence et de<br /> laa cruauté de ses adversaires. Un homme bon ne voit pas le mal, ou ne le voit que trop tard.<br /> <br /> Bon ? oui, mais faible ? non.<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> Vive le Christ-Roi ! vive le roi !<br /> <br /> A.<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Merci cher Président de nous rappeler ce magnifique texte qui est en quelque sorte à la source de votre billet sur la créche et votre allégorie avec la France sans roi ...<br /> <br /> Quant au livre de Camus " l'homme révolté " ne pourrait-il pas être le premier livre à conseiller aujourd'hui à tous nos jeunes complétement décérébrés et/ou lobotomisés par l'a-culture<br /> républicaine ? ...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> chapeau M. Camus je vous savait "en recherche" mais à travers cet écrit je crois que vous aviez trouvé...vous ne pouviez pas ne plus croire en Dieu;lui seulsait ou vous êtes en purgatoire sans<br /> doute;pour cet acte de Foi royaliste et chrétien demndons aux prêtres qui célèbrerons pour Louis XVI d'avoir une pensée pour vous dans le mémento des morts.<br /> Merci à Alain Texier d'avoir découvert et fait connaître ce e beau texte<br /> <br /> <br />
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