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Le royalisme providentialisme a beau tenir une place importante dans ma vie, il ne m'empêche pas de m'interesser à l'histoire connue - et celle plus cachée- de mon pays. L'humour a aussi sa place dans les pages mise en ligne.

41/4. DES APPORTS DE LA CHARTE DE FONTEVRAULT. Prières, discours et textes en rapport avec la vocation trés chrétienne de la France.

Liste des textes reproduits ci-dessous. 

I. Prière à notre Seigneur Jesus-Christ vrai roi de France, pour le retour de Son lieutenant le roi trés Chrétien et le retour de la France à sa vocation d’origine

II. Sainte Pétronille, Sainte Patronne de la France royale.

III. Prière dite de Saint Louis

IV. La Lettre d'anoblissement de La Famille d'Arc

V. Ordonnance du Roi Louis XIII du 10 février 1638 consacrant le Royaume à la vierge Marie.
VI.  Testament du roi  Louis XVI, rédigé le 25 décembre 1792,
envoyé à la Commune de Paris, le 21 janvier 1793
.
VII. Harangue de François-Athanase de Charette de la Contrie, Général Vendéen, à ses officiers
VIII. Discours prononcé  par André Malraux, Ministre des Affaires culturelles  du général De Gaulle, devant le Monument  national à Jeanne d’Arc, sis à Rouen, place du Vieux Marché.

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I. PRIERE A NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST
VRAI ROI DE FRANCE, POUR LE RETOUR DE SON LIEUTENANT
LE ROI TRES CHRETIENET LE RETOUR DE LA FRANCE
A SA VOCATION D’ORIGINE.

     

Seigneur Jésus-Christ, Vrai Roi de France ;

    Souvenez-Vous de votre peuple de prédilection ;Souvenez-Vous de la Mission que Vous lui avez confiée dans le monde Souvenez-Vous de l’Alliance que Vous avez scellée avec Clovis au Baptistère de Reims et confirmée par Saint Rémi et Sainte Jeanne d’Arc, puis renouvelée à chacun des Sacres de ses Rois très Chrétiens.

     Cette Alliance a été brisée, la France officielle a renié ses engagements envers Vous depuis qu’elle a assassiné son roi.

    Faites lui la grâce, Seigneur Jésus, de réparer ses erreurs et ses fautes, afin qu’elle revienne au plus tôt à sa vocation première qui est la défense de l’Église Romaine qui est Votre seule Église.

    Vos desseins sont impénétrables, mais nous croyons que la prière des hommes est puissante sur Votre Cœur. Soumis à Votre Sagesse et confiants en Votre Bonté, nous osons Vous supplier que la France revienne à ses origines par l’Alliance de l’Autel et du Trône restauré.

 

   Seigneur Dieu, comme au temps de Jeanne d’Arc, Rendez à la France son Roi très Chrétien, afin que, recevant à Reims son digne sacre, il soit en toute vérité Votre Lieutenant temporel, le ministre de Vos saintes Volontés pour le bien de l’Église, de la Patrie et de l’humanité.

 

    Nous Vous demandons cette grâce au nom de Votre Sacré-Cœur qui aime toujours les Francs, au nom de Votre Très Sainte Mère, notre Reine bien-aimée, au nom de Saint Michel, l’Ange Gardien de la France, de Sainte Jeanne d’Arc, la grande martyre de Votre Royauté en France, au nom de nos Saints protecteurs et de tous les Saints de la Maison Royale de France. 

 

Seigneur Jésus-Christ, Donnez nous un Roi.   

Ainsi soit-il.

Origine

II. SAINTE PETRONILLE  SAINTE PATRONNE DE LA FRANCE ROYALE
Sainte Petronille, première sainte patronne de la France. Vierge et martyre romaine, fêtée le 31 mai. elle était la descendante de Titus Flavius Petro, le grand-père de l'Empereur Vespasien qui régna de 69 à79. 

   Pétronille  fut catéchisée et baptisée par Saint Pierre Apôtre. Elle est considérée comme sa fille spirituelle.  Elle est morte en vierge et martyre à Rome. 

     --  ..... Merci d’activer  le lien  in fine  pour lire l'article en entier  ....

    Reconnue comme patronne des rois de France depuis l'époque de Charlemagne, son sarcophage qui conservait les restes de la sainte fut transféré dans la basilique pontificale par le Pape Paul I er  en 757. Ils reposent aujourd’hui dans le transept droit  de la basilique saint Pierre.

   En adoptant au VIIIe siècle  cette sainte comme patronne nationale, la France devient alors la première fille de l'Église comme Pétronille est la fille du premier chef de l'Église ! Les attaches de la France avec la sainte ont perduré : louis XI avait une grande vénération pour elle, il lui adressa de ferventes prières pendant la maladie du dauphin, le futur Charles VIII  Ce dernier ayant été guéri, le roi fit embellir la chapelle de Sainte Pétronille. Pendant le règne de louis XII   le Cardinal Jean de Bilhères Lagraulas demanda à Michel-Ange  de réaliser une vierge de piété pour la chapelle Sainte-Pétronille.

   Aujourd’hui encore, dans la basilique Saint-Pierre un autel lui est dédié. (Cet autel est considéré comme territoire Français). Chaque année, le 31 mai, jour de la fête de Sainte Pétronille, une messe est dite dans la chapelle pour la France et tous les français de Rome y sont invités. Sainte Pétronille est représentée avec la palme du martyre, souvent en compagnie de Saint Pierre. On l’invoque pour guérir les fièvres.

    

Origine.

                                           III. Prière dite de Saint Louis

Dieu Tout-Puissant et éternel,
Qui avez établi l’empire des Francs pour être dans le monde
L’instrument de vos divines volontés,
Le glaive et le bouclier de votre Sainte Eglise,

Nous vous en prions, prévenez toujours et partout de votre céleste lumière,
Les fils suppliants des Francs,
Afin qu’ils voient ce qu’il faut faire pour réaliser votre règne en ce monde,
Et que pour accomplir ce qu’ils ont vu,
Ils soient remplis de charité, de force et de persévérance,

Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Ainsi soit-il
Origine.

IV. La Lettre d'anoblissement de La Famille d'Arc

   Charles, par la grâce de Dieu roi de France, pour perpétuelle mémoire. A cette fin de glorifier les très abondantes et insignes faveurs dont le Très-Haut nous a comblé, et que, nous l'espérons, sa divine miséricorde daignera nous continuer, par le moyen et le concours éclatant de la Pucelle, notre chère et bien aimée Jeanne d'Arc, de Domremy, au baillage de Chaumont ou dans son ressort, et pour célébrer à la fois les mérites de ladite Pucelle et les louanges divines, nous estimons convenable et opportun de l'élever, elle et toute sa parenté , aux honneurs et dignités de notre majesté royale, de sorte que, illustrée par la grâce divine, elle laisse à sa race un souvenir précieux de notre royale libéralité, et que la gloire de Dieu ainsi que la renommée de tant de bienfaits se perpétue et s'accroisse dans tous les siècles.

   C'est pourquoi nous faisons savoir à tous, présents et à venir, que, eu égard à ce que dessus, considérant en outre les agréables, nombreux et recommandables services que Jeanne la Pucelle a déjà rendu et rendra à l'avenir, nous l'espérons, à nous et à notre royaume, et pour autres certaines causes à ce nous mouvant, nous avons anobli ladite Pucelle, Jacques d'Arc dudit lieu de Domremy et Isabeau sa femme, ses père et mère, Jacquemin et Jean d'Arc et Pierre Pierrelot ses frères, et toute sa parenté et lignage, et, en faveur et contemplation d'icelle Jeanne, toute leur postérité mâle et femelle, née et à
naître, en légitime mariage, et par les présentes, de notre grâce spéciale, certaine science et puissance, les anoblissons et déclarons noble; voulant que ladite Pucelle, lesdits Jacques, Isabeau, Jacquemin, Jean et Pierre, et toute la postérité et lignage de ladite Pucelle ainsi que les enfants d'eux, nés et à naître, soient par tous tenus et réputés nobles, dans leurs actes, en justice et hors justice, et qu'ils jouissent et usent paisiblement des privilèges, franchises, prérogatives et autres droits, dont sont accoutumés de jouir, en notre royaume, les autres nobles, extraits de noble lignée, lesquels et leur dite postérité nous faisons participer à la condition des autres nobles de notre royaume, nés de noble race, nonobstant qu'ils n'aient, comme dit est, une origine noble, et qu'ils soient peut-être d'autre condition que de condition libre.

     Voulant aussi que les susnommés, ladite parenté et lignage de la Pucelle, et leur postérité mâle et femelle puissent quand et toutes fois qu'il leur plaira, obtenir et recevoir de tout chevalier les insignes de la chevalerie. Leur permettant en outre, à eux et à leur postérité tant masculine que féminine, née et à naître en légitime mariage, d'acquérir des personnes nobles et autres quelconques tous fiefs, arrrière-fiefs et bien nobles, lesquels, acquis ou à acquérir, ils pourront et leur sera permis avoir, tenir et posséder à toujours, sans qu'ils puissent être contraints, maintenant ni au temps à venir, à s'en dessaisir par faute de noblesse.

   Pour lequel anoblissement ils ne seront en aucune façon tenus ni forcés de payer aucune finance à nous ni à nos successeurs; de laquelle finance, en considération et regard de leurs ancêtres, nous avons de pleine grâce fait don et remise aux susnommés et à ladite parenté et lignage de la Pucelle, et par les présentes leur en faisons don et remise, nonobstant toutes ordonnances, statuts, édits, usages, révocations, coutumes,inhibitions et mandements, faits ou à faire, à ce contraires.

    Pour quoi, nous donnons en mandement par lesdites présentes à nos amés et féaux les gens de nos comptes, aux trésoriers généraux et commissaires ordonnés ou à ordonner sur le fait de nos finances, et au bailli dudit bailliage de Chaumont, et à nos autres justiciers ou leurs lieutenants présents et à venir, et à chacun d'eux, en tant qu'il lui appartiendra, qu'ils fassent et laissent ladite Jeanne la Pucelle, lesdits Jacques, Isabeau, Jacquemin, Jean et Pierre, toute la parenté et lignage de ladite Pucelle, et leur postérité susdite, née et à naître, comme dit est, en légitime mariage, jouir et user paisiblement de nos présente grâce, anoblissement et octroi, maintenant et au temps avenir, sans leur faire ni souffrir qu'il leur soit fait aucun trouble ni empêchement contre la teneur des
présentes.

     Et pour que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait apposer aux présentes notre sceau en l'absence de notre grand sceau, sauf en autres choses notre droit et le droit d'autrui en toutes.

   Donné à Meun sur Yèvre, au mois de décembre, l'an du Seigneur mil quatre cent vingt neuf et de notre règne le huitième.

   Sur le repli : Par le Roi, l'évêque de Séez, les Sieurs de la Trémoille, de Trêves et autres présents. Signées Mallière, et scellées sur lacs de soie rouge et verte du grand sceau de cire verte.

Et plus bas : Expédiée en la chambre des comptes du Roi, le seizième du mois de janvier, l'an du Seigneur mil quatre cent vingt neuf et y enregistrée au livre des chartes du temps, folio CXXI. Signé A. Gréelle.

V. Ordonnance du Roi Louis XIII du 10 février 1638
consacrant le Royaume à la vierge Marie.

   Louis, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial, et de notre personne et de notre état, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté, que d’accidents qui nous pouvaient perdre. Lorsque nous sommes entrés au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause, que l’on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins.

    En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice. La rébellion de l’hérésie ayant aussi formé un parti dans l’Etat, qui n’avait autre but que de partager notre autorité, il s’est servi de nous pour en abattre l’orgueil, a permis que nous ayons relevé ses saints autels en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques. Si nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes, qu’à la vue de toute l’Europe, contre l’espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs Etats dont ils avaient été dépouillés.

    Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve et sa puissance le défend.

    Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra sans doute de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de la majesté divine, que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge, et de la sacrée croix, où nous révérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du fils de Dieu en notre chair, nous consacrer à la grandeur de Dieu par son fils, rabaissé jusqu’à nous, et à ce Fils par sa Mère, élevée jusqu’à lui, en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets, pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité par son intercession, et de toute la cour céleste par son autorité et son exemple. Nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de la porter les rendront hosties agréables, et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ses bienfaits elle le soit de nos actions de grâces.

   A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir nous inspirer une si sainte conduite, et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse des douceurs de la paix, que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce, qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église-cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tiendra entre les bras celle de son précieux fils descendu de la croix ; nous serons représentés aux pieds du fils et de la mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

   Nous admonestons le Sr. archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre vœu à la grande messe qui se dira en son église-cathédrale, et qu’après les vêpres du dit jour il soit fait une procession en la dite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales plus solennelles, ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises, tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourgs, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris. Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse, entendant qu’à la dite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines, et où il n’y aurait compagnies souveraines, les principaux officiers des villes y soient présents.

    Et d’autant qu’il y a plusieurs églises qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons les dits archevêques et évêques, en ce cas, de lui dédier la principale chapelle des dites églises, pour y être faite la dite cérémonie, et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix, que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés.
Sub Tuum præsidium confugimus,
Sancta Dei Genitrix !

VI.  Testament du roi  Louis XVI, rédigé le 25 décembre 1792,
envoyé à la Commune de Paris, le 21 janvier 1793
.

Au nom de la très sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

    Aujourd'hui, vingt-cinquième jour de décembre 1792, moi, Louis seizième du nom, Roi de France, étant, depuis plus de quatre mois, enfermé avec ma famille dans la tour du Temple, à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même, depuis le 11 courant, avec ma famille, de plus, impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir l'issue, à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m'adresser, je déclare ici, en sa présence, mes dernières volontés, et mes sentiments.

    Je laisse mon âme à Dieu, mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne la pas juger suivant ses mérites, mais par ceux de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui s'est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.

    Je meurs dans l'union de notre sainte mère l'église catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de saint Pierre, auquel Jésus-Christ les avait confiés, je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole, les Commandements de Dieu et de l'église, les Sacrements et les Mystères, tels que l'église catholique les enseigne et les a toujours enseignés, je n'ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d'expliquer les dogmes qui déchirent l'église de Jésus-Christ, mais je m'en suis rapporté, et je m'en rapporterai toujours, si Dieu m'accorde la vie, aux décisions que les Supérieurs ecclésiastiques, unis à la sainte Eglise catholique, donnent et donneront, conformément à la doctrine de l'église, suivie depuis Jésus-Christ.

    Je plains de tout mon coeur nos frères qui peuvent être dans l'erreur, mais je ne prétends les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ, suivant ce que la charité chrétienne nous l'enseigne, et je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J'ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester, et à m'humilier en sa présence.

     Ne pouvant me servir du ministère d'un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en eusse faite, et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom (quoique cela fut contre la volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l'église, à laquelle je suis toujours sincèrement uni de coeur.

     Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s'il m'accorde la vie, de me servir, aussitôt que je le pourrai, du ministère d'un prêtre catholique, pour m'accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.

    Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j'aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait. Je prie tous ceux qui ont de la charité, d'unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.

     Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont fait mes ennemis, sans que je leur en ai donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même qu'à ceux qui, par un faux zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal.

   Je recommande à Dieu ma femme et mes enfants, ma soeur, mes tantes, mes frères et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma soeur, qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce, s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.

    Je recommande mes enfants à ma femme : je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux, je lui recommande surtout d'en faire de bons chrétiens et d'honnêtes gens ; de ne leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s'ils sont condamnés à les éprouver), que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire, solide et durable, de l'éternité. Je prie ma soeur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s'ils avaient le malheur de perdre la leur.

     Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour moi, les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.

    Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu'ils doivent à Dieu, qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu'elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma soeur comme une seconde mère.

    Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve, qu'il ne peut faire le bonheur des peuples qu'en régnant suivant les lois, mais, en même temps, qu'un Roi ne peut les faire respecter et faire le bien qui est dans son coeur qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement, étant lié dans ses opérations, et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile.

    Je recommande à mon fils d'avoir soin de toutes les personnes qui m'étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de celles qui m'étaient attachées qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles devaient, et qui ont même montré de l'ingratitude, mais je leur pardonne (souvent dans les moments de trouble et d'effervescence on n'est pas maître de soi) ; et je prie mon fils, s'il en trouve l'occasion, de ne songer qu'à leur malheur.

     Je voudrais pouvoir témoigner ma reconnaissance à ceux qui m'ont montré un véritable attachement et désintéressé : d'un côté, si j'étais sensiblement touché de l'ingratitude et de la déloyauté de ceux à qui je n'avais jamais témoigné que des bontés, j'ai eu de la consolation à voir l'attachement et l'intérêt gratuit que beaucoup de personnes m'ont montrés, je les prie de recevoir mes remerciements : dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.

     Je croirais calomnier cependant les sentiments de la nation si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM. de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s'enfermer dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes ; je lui recommande aussi Cléry, des soins duquel j'ai tout lieu de me louer depuis qu'il est avec moi, comme c'est lui qui est resté avec moi jusqu'à la fin, je prie messieurs de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse et les autres petits effets qui ont été déposés au conseil de la Commune.

    Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes : que celles-là jouissent, dans leur coeur, de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.

   Je prie MM. Tronchet, de Malesherbes et de Sèze de recevoir ici tous mes remerciements et l'expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu'ils se sont donnés pour moi.

    Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.

         Fait en double, à la tour du Temple, le 25 décembre 1792.

                                                                     Louis.

    VII. Harangue de François-Athanase de Charette de la Contrie,

Général Vendéen, à ses officiers.

 

   "Notre Patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé devant nous. Notre Patrie, c’est notre Foi, notre Terre, notre Roi. Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors, qu’est-ce que cette Patrie narguante du passé, sans fidélité, sans amour ? Cette Patrie de billebaude et d’irréligion ? Beau discours, n’est-ce ? Pour eux, la Patrie semble n’être qu’une idée ; pour nous elle est une terre. Ils l’ont dans le cerveau ; nous, nous l’avons sous les pieds, c’est plus solide !

      Et il est vieux comme le Diab’ leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu… Vieux comme le Diab’… on nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions…Faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur." (la foi) 

 

Origine.

http://deojuvante.forumactif.net/citations-diverses-f2/citations-contre-revolutionnaires-t5.htm

 

VIII. Discours prononcé  par André Malraux,
Ministre des Affaires culturelles * du général De Gaulle,
devant le Monument  national à Jeanne d’Arc,
sis à Rouen, place du Vieux Marché.

                    (Au nom du Gouvernement français
                            Rouen 31 mai 1964)

    Vous avez bien voulu, Monsieur le Maire, me demander d’assurer ce que le plus grand poète de cette ville, qui fut aussi l’un des plus grands poètes du monde, appelait un triste et fier honneur, celui de reprendre ce que j’ai dit, il y a quelques années, à Orléans, de Jeanne d’Arc victorieuse et de rendre hommage en ce lieu illustre par le malheur à Jeanne d’Arc vaincue, à la seule figure de notre histoire sur laquelle se soit faite l’unanimité du respect.

    La résurrection de sa légende est antérieure à celle de sa personne, mais, aventure unique ! la tardive découverte de sa personne n’affaiblit pas sa légende, elle lui donne son suprême éclat. Pour la France et pour le monde, la petite sœur de saint Georges devint Jeanne vivante par les textes du procès de condamnation et du procès de réhabilitation : par les réponses qu’elle fit ici, par le rougeoiement sanglant du bûcher.
    Nous savons aujourd’hui qu’à Chinon, à Orléans, à Reims, à la guerre, et même ici, sauf peut-être pendant une seule et atroce journée, elle est une âme invulnérable. Ce qui vient d’abord de ce qu’elle ne se tient que pour la mandataire de ses voix : « Sans la grâce de Dieu, je ne saurais que faire. » On connaît la sublime cantilène de ces témoignages de Rouen : « La première fois, j’eus grand-peur. La voix vint à midi. C’était l’été, au fond du jardin de mon père… Après l’avoir entendue trois fois, je compris que c’était la voix d’un ange… Elle était belle, douce et humble ; et elle me racontait la grande pitié qui était au royaume de France…Je dis que j’étais une pauvre fille qui ne savait ni aller à cheval ni faire la guerre... ; mais la voix disait « Va, fille de Dieu… ».
    Certes, Jeanne est fémininement humaine. Elle n’en montre pas moins, quand il le faut, une incomparable autorité. Les capitaines sont exaspérés par cette « péronnelle qui veut leur enseigner la guerre ». La guerre ? (Les batailles qu’ils perdaient et qu’elle gagne…) Qu’ils l’aiment ou la haïssent, ils retrouvent dans son langage le « Dieu le veut » des Croisades. Cette fille de dix-sept ans, comment la comprendrions-nous si nous n’entendions pas, sous sa simplicité, l’accent incorruptible avec lequel les prophètes tendaient vers les rois d’Orient leurs mains menaçantes, et leurs mains consolantes vers la grande pitié du royaume d’Israël ?
    Avant le temps des combats, on lui demande : « Si Dieu veut le départ des Anglais, qu’a-t-il besoin de vos soldats ?
- Les gens de guerre combattront et Dieu donnera la victoire ». Ni saint Bernard ni Saint Louis n’eussent mieux répondu.
Mais ils portaient en eux la chrétienté, non la France.
Et à quelques pas d’ici, seule devant les deux questions meurtrières : « Jeanne êtes-vous en état de grâce ? – Si je n’y suis Dieu veuille m’y mettre ; si j’y suis, Dieu veuille m’y tenir ! » ; et surtout, la réponse illustre : « Jeanne, lorsque saint Michel vous apparut, était-il nu ? – Croyez-vous Dieu si pauvre qu’il ne puisse vêtir ses anges ? ».
      Lorsqu’on l’interroge sur sa soumission à l’Eglise militante, elle répond, troublée mais non hésitante : « Oui, mais Dieu premier servi ! ». Nulle phrase ne la peint davantage. En face du dauphin, des prélats ou des hommes d’armes, elle combat pour l’essentiel : depuis que le monde est monde, tel est le génie de l’action. Et sans doute lui doit-elle ses succès militaires. Dunois dit qu’elle disposait à merveille les troupes et surtout l’artillerie, ce qui semble surprenant. Mais les Anglais devaient moins leurs victoires à leur tactique qu’à l’absence de toute tactique française, à la folle comédie héritée de Crécy, à laquelle Jeanne mit fin. Les batailles de ce temps étaient très lourdes pour les vaincus ; nous oublions trop que l’écrasement de l’armée anglaise à Patay fut de même nature que celui de l’armée française à Azincourt. Et le témoignage du duc d’Alençon interdit que l’on retire à Jeanne d’Arc la victoire de Patay, puisque, sans elle, l’armée française se fut divisée avant le combat et puisqu’elle seule la rassembla…
C’était en 1429 - le 18 juin.
     Dans ce monde où Ysabeau de Bavière avait signé à Troyes la mort de la France en notant seulement sur son journal l’achat d’une nouvelle volière, dans ce monde où le dauphin doutait d’être dauphin, la France d’être la France, l’armée d’être une armée, elle refit l’armée, le roi, la France.
      Et il n’y avait plus rien ; soudain, il y eut l’espoir – et par elle, les premières victoires, qui rétablirent l’armée.
     Puis - par elle, contre presque tous les chefs militaires - le sacre, qui rétablit le roi. Parce que le sacre était pour elle la résurrection de la France, et qu’elle portait la France en elle de la même façon qu’elle portait sa foi.
    Après le sacre, elle est écartée et commande la série de vains combats qui la mèneraient à Compiègne pour rien, si ce n’était pour devenir la première martyre de la France.
Nous connaissons tous son supplice, mais les mêmes textes qui peu à peu dégagent de la légende son image véritable, son rêve, ses pleurs, l’efficace et affectueuse autorité qu’elle partage avec les fondatrices d’ordres religieux, ces mêmes textes dégagent aussi, de son supplice, deux des moments les plus pathétiques de l’histoire de la douleur.
     Le premier est la signature de l’acte d’abjuration –qui reste mystérieux. La comparaison du court texte français avec le très long texte latin qu’on lui faisait signer proclamait l’imposture. Elle signe d’une sorte de rond, bien qu’elle ait appris à signer Jeanne. « Signez d’une croix ! » Or, il avait naguère était convenu entre elle et les capitaines du dauphin que tous les textes de mensonge, tous les textes imposés seraient marqués d’une croix. Alors, devant cet ordre qui semblait dicté par Dieu pour sauver sa mémoire, elle traça la croix de jadis, en éclatant d’un rire insensé…
    Le second moment est dans doute celui de sa plus affreuse épreuve. Si, tout au long du procès, elle s’en remit à Dieu, elle semble avoir eu, à maintes reprises, la certitude qu’elle serait délivrée. Et peut-être, à la dernière minute, espéra-t-elle qu’elle le serait sur le bûcher. Car la victoire du feu pouvait être la preuve qu’elle avait été trompée. Elle attendait, un crucifix fait de deux bouts de bois par un soldat anglais posé sur sa poitrine, le crucifix de l’église voisine élevé en face de son visage au-dessus des premières fumées. (Car nul n’avait osé refuser la croix à cette hérétique et à cette relapse…) Et la première flamme vint, et avec elle le cri atroce qui allait faire écho, dans tous les coeurs chrétiens, au cri de la Vierge lorsqu'elle vit monter la croix du Christ sur le ciel livide.
      De ce qui avait été la forêt de Brocéliande jusqu'aux cimetières de Terre sainte, la vieille chevalerie morte se leva dans ses tombes. Dans le silence de la nuit funèbre, écartant les mains jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table ronde et les compagnons de Saint Louis, les premiers combattants tombés à la prise de Jérusalem et les derniers fidèles du petit roi lépreux, toute l'assemblée des rêves de la chrétienté regardait, de ses yeux d'ombre, monter les flammes qui allaient traverser les siècles, vers cette forme enfin immobile, qui devenait le corps brûlé de la chevalerie.

    Il était plus facile de la brûler que de l’arracher de l’âme de la France. Autant où le roi l’abandonnait, les villes qu’elle avait délivrées faisaient des processions pour sa délivrance. Puis le royaume, peu à peu, se rétablit. Rouen fut enfin reprise. Et Charles VII, qui ne se souciait pas d’avoir été sacré grâce à une sorcière, ordonna le procès de réhabilitation. A Notre-Dame de Paris, la mère de Jeanne, petite forme de deuil terrifiée dans l’immense nef, vient présenter le rescrit par lequel le pape autorise la révision. Autour d’elle, ceux de Domrémy qui ont pu venir, et ceux de Vaucouleurs, de Chinon, d’Orléans, de Reims, de Compiègne…Tout le passé revient avec cette voix que le chroniqueur appelle une lugubre plainte : « Bien que ma fille n’ait pensé, ni ourdi, ni rien fait qui ne fut selon la foi, des gens qui lui voulaient du mal lui imputèrent mensongèrement nombre de crimes. Ils la condamnèrent iniquement et… » la voix désespérée se brise. Alors Paris qui ne souvient plus d’avoir jamais été bourguignonne, Paris redevenue soudain la ville de Saint Louis, pleure, avec ceux de Domrémy et de Vaucouleurs, et le rappel du bûcher se perd dans l’immense rumeur de sanglots qui montent au-dessus de la pauvre forme noire.
      L’enquête commence.
     Oublions, ah, oublions ! le passage sinistre de ses juges comblés d’honneur, et qui ne se souviennent de rien. D’autres se souviennent. Long cortège, qui sort de la vieillesse comme on sort de la nuit … Un quart de siècle a passé. Les pages de Jeanne sont des hommes mûrs ; ses compagnons de guerre, son confesseur ont les cheveux blancs. ici débute la mystérieuse justice que l’humanité porte au plus secret de son cœur.
     Cette fille, tous l’avaient connue, ou rencontrée, pendant un an. Et ils ont eux aussi oublié beaucoup de choses, mais non la trace qu’elle a laissée en eux. Le duc d’Alençon l’a vue une nuit s’habiller, quand, avec beaucoup d’autres, il couchait sur la paille ; elle était belle, dit-il, mais nul n’eût osé la désirer. Devant le scribe attentif et respectueux, le chef de guerre tristement vainqueur se souvient de cette minute, il y a vingt-sept ans, dans la lumière lunaire… il se souvient aussi de la première blessure de Jeanne. Elle avait dit : « Demain, mon sang coulera, au-dessus du sein ». Il revoit la flèche transperçant l’épaule, sortant du dos, Jeanne continuant le combat jusqu’au soir, emportant enfin la bastille des Tourelles… Revoit-il le sacre ? Avait-elle cru faire sacrer Saint Louis ? Hélas ! mais, pour tous les témoins, elle est la patronne du temps où les hommes ont vécu selon leurs rêves et selon leur cœur, et depuis le duc jusqu’au confesseur et à l’écuyer, tous parlent d’elle comme les rois mages rentrés dans leur royaume, avaient parlé d’une étoile disparue…
       De ces centaines de survivants interrogés depuis Hauviette de Domrémy jusqu’à Dunois, se lève une présence familière et pourtant unique, joie et courage, Notre-Dame la France avec son clocher tout bruissant des oiseaux du surnaturel. Et lorsque le XIXe siècle retrouvera ce nostalgique reportage du temps disparu commencera, des années avant la béatification, la surprenante aventure ; bien qu’elle symbolise la patrie, Jeanne d’Arc, en devenant vivante, accède à l’universalité. Pour les protestants, elle est la plus célèbre figure de notre Histoire avec Napoléon ; pour les catholiques, elle sera la plus célèbre sainte française.
      Lors de l’inauguration de Brasilia, il y  quatre ans, les enfants représentèrent quelques scènes de l’Histoire de France. Apparut Jeanne d’Arc, une petite fille de quinze ans, sur un joli bûcher de feu de Bengale, avec sa bannière, un grand bouclier tricolore et un bonnet phrygien. J’imaginais, devant cette petite République, le sourire bouleversé de Michelet ou de Victor Hugo. Dans le grand bruit de forge où se forgeait la ville, Jeanne et la République étaient toutes les deux la France, parce qu’elles étaient toutes deux l’incarnation de l’éternel appel à la justice. Comme les déesses antiques, comme toutes les figures qui leur ont succédé, Jeanne incarne et magnifie désormais les grands rêves contradictoires des hommes. Sa touchante image tricolore au pied des gratte-ciel où venaient se percher les rapaces, c’était la sainte de bois dressée sur les routes où les tombes des chevaliers français voisinent avec celles des soldats de l’An II…
      Le plus mort des parchemins nous transmet le frémissement stupéfait des juges de Rouen lorsque Jeanne leur répond : « Je n’ai jamais tué personne ». Ils se souviennent du sang ruisselant sur son armure : ils découvrent que c’était le sien. Il y a trois ans, à la reprise d’Antigone, la princesse thébaine avait coupé ses cheveux comme elle, et disait avec le petit profil intrépide de Jeanne la phrase immortelle : « Je ne suis pas venue pour partager la haine mais pour partager l’amour ». Le monde reconnaît la France lorsqu’elle redevient pour tous les hommes une figure secourable, et c’est pourquoi il ne perd jamais toute confiance en elle. Mais dans la solitude des hauts plateaux brésiliens, Jeanne d’Arc apportait à la République de Fleurus une personne à défaut de visage et la mystérieuse lumière du sacrifice, plus éclatante encore lorsqu’elle est celle de la bravoure. Ce corps rétracté devant les flammes avait affreusement choisi les flammes ; pour le brûler, le bûcher dut aussi brûler ses blessures. Et depuis que la terre est battue de la marée sans fin de la vie et de la mort, pour tous ceux qui savent qu’ils doivent mourir, seul le sacrifice est l’égal de la mort.
    « Comment vous parlaient vos voix ? lui avait-on demandé quand elle était vivante. – Elles me disaient : « Va, fille de Dieu, va, fille au grand cœur… ». Ce pauvre cœur qui avait battu pour la France comme jamais cœur ne battit, on le retrouva dans les cendres, que le bourreau ne put ou n’osa ranimer. Et l'on décida de le jeter à la Seine, « afin que nul n'en fit des reliques ».
Elle avait passionnément demandé le cimetière chrétien. Alors naquit la légende.
      Le cœur descend le fleuve. Voici le soir. Sur la mer, les saints et les fées de l'arbre-aux-fées de Domrémy l'attendent. Et à l'aube toutes les fleurs marines remontent la Seine, dont les berges se couvrent des chardons bleus des sables, étoilés par les lys... La légende n'est pas si fausse. Ce ne sont pas les fleurs marines que ces cendres ont ramenées vers nous, c'est l'image la plus pure et la plus émouvante de France. Ô Jeanne sans sépulcre et sans portrait, toi qui savais que le tombeau des héros est le coeur des vivants, peu importent tes vingt mille statues, sans compter celles des églises : à tout ce pour quoi la France fut aimée tu as donné ton visage inconnu. Une fois de plus, les fleurs des siècles vont descendre… Au nom de tous ceux qui sont ou qui seront ici, qu'elles te saluent sur la mer, toi qui a donné au monde la seule figure de victoire qui soit une figure de pitié ! »
                                                                   André Malraux

Source ;
Texte repris  des œuvres complêtes  d’André Malraux. Tome III Galimard . NRF 1996. Bibliothêque de la Pléïade p. 937 à 943.

* Décrêt du 3 février 1959. ce ministère  avait pour mission de  "rendre accesisble  les oeuvres capitales  de l'humanité , et d'abord de la France,  au plus grand nombre possible de Français".

NDLRB.  La  version audio de ce discours  est  disponible grâce au lien suivant à coller  dans la fenêtre de  votre naviguateur :
http://www.rouen-histoire.com/Malraux/index.htm

 


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